La lettre retranscrite ci-dessous a été postée à Bangor (Maine), le 27 juillet 2012. Elle est adressée à Hans Borgsen, à l'association de généalogie de Copenhague. Vous seul savez comment vous vous êtes procuré une copie de ce document, mais il semble évident que le courrier a été... "intercepté" avant d'être remis au destinataire.

Cher Hans,

Comme je dois te paraître ingrate ! Voilà presque un mois déjà que j’ai reçu les documents que tu m'as envoyés. Je n’ai pas encore trouvé le temps de te répondre en détail mais sache que je te suis infiniment reconnaissante ! C’est exactement ce qui me manquait... Tu es merveilleux, je ne sais pas ce que je ferais sans ton aide si précieuse.

Comme j’ai dû te le dire dans mon dernier email, j’ai été embauchée. Il m’a fallu faire face à toute une tonne de paperasses et signer un nombre incroyable de clauses de confidentialité. Cela m’a paru ahurissant, mais l’institut pour lequel je travaille dorénavant est un organisme privé qui n’a certainement pas envie de se faire chiper tous ses travaux, ou le contenu de ses archives, d’où ces précautions dignes d’un film de James Bond. Bref, je ne pourrai pas beaucoup te parler de mon nouveau quotidien, mais sache que je fais toujours de la recherche en collaboration avec une équipe d’archéologues, et que maintenant cela rapporte de l’argent ! Mon salaire est assez confortable et j’ai une très bonne mutuelle.

Je suis en mission aux États-Unis, depuis deux semaines environ. J’ai voulu t’envoyer un email mais il m’a fallu partir très précipitamment, et je n’ai pas eu le temps d’emporter mon ordinateur portable. Mon smartphone est tombé en panne et je ne peux pas utiliser celui de ma société. Quant aux cyber-cafés… eh bien je dois avouer que je n’en ai pas trouvé la moindre trace dans le coin paumé où je me situe ! Me voilà donc à t’écrire une lettre comme au bon vieux temps. Je suis dans le Maine, pas très loin de Bangor. On m’a envoyée faire des recherches sur les premiers européens à avoir foulé le sol américain : les islandais ! Eh oui, mon cher Hans… je suis sur la trace d’Erik le rouge ! Lui et sa fille auraient suivi la côte vers le sud beaucoup plus loin qu’on ne le pense. Sais-tu que les "vikings" seraient allés jusqu’au Brésil ? Les conquistadors, des siècles plus tard, y auraient trouvé des tribus d’« indiens blancs ». Je ne peux pas t’en dire beaucoup plus… mais mon travail est passionnant. Il me laisse aussi le loisir de faire un peu de tourisme. Les fruits de mer dans la région ont la réputation d’être excellents, mais je t’avoue que je suis au bord de l’indigestion.

Concernant nos affaires, je pense pouvoir revenir en Europe dans quelques temps. Je ferai un saut à Londres, puis je viendrai te voir à Copenhague. Tes documents m’ont littéralement stupéfiée. Comme nous le pensions, la jeune Anna est donc bien partie rechercher du travail là-bas… Je te remercie pour ta proposition et j’aimerais infiniment faire le voyage avec toi jusqu’à Lebork. J’espère que nous pourrons entreprendre rapidement ce projet.

Salue pour moi les membres de l’association. Vous me manquez tous et je suis nostalgique des bons moments que nous avons passé ensemble. L’idée de vous retrouver bientôt m’enchante tellement ! Embrasse bien fort Kristen. Je ne manquerai pas de passer les voir, elle et son bébé, lors de ma prochaine venue au Danemark.

Encore une fois, je te remercie pour tout ce que tu as fait, Hans. Je te téléphonerai pour te tenir au courant de mon arrivée.

A bientôt.

Ton amie anglaise,

Rowena.